top of page

CHAPITRE DIXIEME - Les Epines de la Rose

"Quand les jumeaux redescendirent l’escalier, Amber et Obsidien se précipitèrent vers eux. Le groupe avait visiblement pris un peu ses aises pendant leur absence. Sappir était assis en tailleur au milieu du hall, tandis qu’une nuée de jeunes filles batifolait autour de lui. Syen, confortablement installé dans un divan, devisait en charmante compagnie, un verre de vin à la main. Verdel faisait démonstration de ses talents de musicien devant quelques pages ébahis. Agata demeurait invisible.

 

Arrêtant d’un geste les inévitables questions, Krysos se tourna vers Obsidien :

 

― Cette femme ne peut pas nous aider. Elle a sa propre guerre à mener. Nous allons devoir trouver un autre moyen de pénétrer dans le château.

 

— Tu parais secoué, s’inquiéta le prêtre en l’observant.

 

Il nota aussi l’expression renfrognée, assez inhabituelle, de Beryl.

 

― Que s’est-il passé exactement ? Que t’a-t-elle dit ?

 

— Des choses agréables à entendre, mais dangereuses. Je préfère ne plus y songer… Nous devrions sortir d’ici.

 

Le groupe se dirigea vers la porte, et retrouva l’air froid dû dehors. Agata, la pointe de son arc posée sur le sol bien en évidence, les attendait, adossée à la bâtisse. Elle les rejoignit. Visiblement, la compagnie des filles de joie lui était désagréable.

 

― Tu as appris quelque chose ? demanda-t-elle à Krysos.

 

— Pas vraiment. Enfin si, une chose. Il faut se méfier des artifices.

 

— Ah ! Je vois. Elle a essayé de te séduire ! s’exclama Amber, mi-amusée, mi-irritée. Et tu t’es laissé faire ?

 

— Non, pas vraiment...

 

— Vous êtes tous les mêmes ! Il suffit qu’une femme papillonne des cils devant vous pour que vous perdiez la tête !

Krysos se tourna légèrement vers son frère avant de regarder Amber dans les yeux :

 

― Je pense que cette Ruby Carminéros est capable de bien des choses pour donner à un homme l’illusion du bonheur. Mais je ne crois pas qu’elle soit heureuse elle-même.

 

Il mit ainsi un terme à la conversation. Il ne sut jamais à quel point il avait raison. [...]"

bottom of page